mercredi 15 février 2017

COMMENT MIEUX CONNAÎTRE ALEXANDRINA

PREMIÈRE LETTRE

R., le 30 mars 2004
anniversaire de la naissance d’Alexandrina

Mon ami,
Tu me demandes, de te parler d’Alexandrina de Balasar ou plus exactement Alexandrina Maria da Costa.
Selon ce que tu me dis, dans ta région vivent bon nombre de portugais dont une grande partie garde une foi intacte et même militante. En les côtoyant, tu aurais, toujours selon toi, entendu parler de cette personne que tu connais mal, car les renseignements que tu as sur elle sont très succincts.
Alexandrina est ce que l’on pourrait appeler “une âme d’exception” ou encore une “âme-victime” dont la mission première a été celle de veiller sur tous les tabernacles du monde, si délaissés par les fidèles qui ont un peu oublié que Jésus s’y trouve Vivant et Vrai.
Mais, mon ami, je dois te prévenir que je ne pourrai pas résumer sa vie en une seule lettre, car sa vie et son parcours spirituel sont exceptionnels : j’ai peur qu’en faisant court, tu n’apprennes pas grand’chose de sa vie et de sa spiritualité, ainsi que de sa mission au sein de l’Église.
Elle est né à Balasar, petit village du nord du Portugal, entre Braga — son diocèse — et Porto, le mercredi 30 mars 1904. Elle fut baptisée le 2 avril suivant qui était samedi saint cette année-là.
Plusieurs faits importants dans la vie d’Alexandrina se sont passés d’ailleurs pendant la semaine sainte…
Mais avant de te parler d’elle je vais rapidement te présenter sa famille : sa mère et sa sœur.

Sa mère

Maria Ana da Costa, jeune femme célibataire, issue d’une famille plutôt aisée, s’était laissée convaincre par un voisin, homme peu scrupuleux, qui lui promettait le mariage mais qui, après lui avoir fait deux enfants — Deolinda et Alexandrina — se maria avec une autre, la laissant seule élever ses deux filles.
Se sentant trompée, Maria Ana prit un autre tournant dans sa vie et est devenue un exemple pour son village. En effet, une conversion complète s’opéra en elle et les villageois l’ont vue dès lors assister non seulement aux messes dominicales mais aussi aux messes quotidiennes. Elle s’est chargée du fleurissement des autels, finissant même par avoir la clef de l’église paroissiale, pour mieux remplir sa tâche.
Ce fut alors qu’elle déménagea de Gresufes, lieu-dit à environ un kilomètre de l’Église et vint habiter un autre lieu-dit, près de l’église et qui porte un nom prédestiné : Calvaire.
Dotée d’un mâle caractère, après avoir assisté à la messe matinale, elle s’en allait dans les champs où de durs travaux l’attendaient ; elle gagnait ainsi son “pain quotidien” et de quoi nourrir ses filles auxquelles elle dispensait une éducation exemplaire, aux dires de ceux qui l’ont connue.

Deolinda

La sœur aînée d’Alexandrina, après sa scolarisation apprit le métier de couturière et confectionnait, pour les gens du village et villages voisins, des chemises, des pantalons et autres habits, ainsi que tous autres genres de travaux inhérents à la couture.
Elle était d’une extrême délicatesse et d’une grande sagesse. Sa vie durant — elle ne s’est jamais mariée — elle s’occupa de sa jeune sœur et devint même plus tard sa “secrétaire”. Le Père Mariano Pinho, premier Directeur spirituel d’Alexandrina — ainsi que de Deolinda — avoua un jour qu’il ne savait laquelle des deux était la plus sainte.

Alexandrina : premières années

Alexandrina et sa sœur, lorsque que l’âge scolaire arriva, ont été envoyées par leur mère dans la ville voisine de Póvoa de Varzim, chez des amis qui les hébergèrent pendant dix-huit mois.
Deolinda qui avait déjà quelques connaissances, y appris à lire et à écrire, et y obtint même son seul diplôme de troisième classe. Quant à Alexandrina, elle n’y appris pas grand’chose, car la nostalgie de sa mère et l’envie de revenir à Balasar finirent par avoir raison de la décision maternelle.
Dès qu’elle eut douze ans, elle accompagna sa mère dans les champs où son courage faisait l’admiration de tous : elle finit même par gagner autant que sa mère, c’est-à-dire autant qu’une grande personne.
Ce fut pendant ces temps de travaux qu’un premier incident eut lieu : elle tomba en bas d’un arbre alors qu’elle coupait des branches pour donner à manger aux vaches du propriétaire. Elle eut très mal et dût rester alitée quelques jours.
Sa mère la plaça ensuite chez un voisin, un homme exécrable et méchant qui jouera un rôle très important et déterminant dans la vie de la jeune fille.
Maria Ana lui imposa quelques obligations, dont celle de laisser Alexandrina assister à la Messe tous les dimanches.
Le cultivateur essaya de respecter cet engagement, mais il était libertin, trop libertin et, un jour, vers la fin de l’après-midi il demanda à Alexandrina de surveiller une paire de bœufs pendant que lui il allait à Póvoa de Varzim, pour une affaire, dit-il. La jeune fille accepta, bien entendu… Mais le temps passait et la peur s’installait… Ce ne fut que très tard dans la nuit que son patron est revenu un peu éméché et la gratifia dès son arrivée de quelques mots moins dignes, dont il avait l’habitude. Il venait de passer une partie de la nuit “en bonne compagnie”.
Alexandrina raconta cela à sa mère qui n’hésita pas une seule seconde à retirer sa fille de chez un homme aussi brutal et mal élevé.
La jeune fille devait avoir alors 13 ou 14 ans.
***
Mon ami, je continuerai mon exposé de cette vie extraordinaire, dans une prochaine lettre.

Ton ami dévoué.

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